"regards sur..."
La lutte contre la précarité est une réalité qui, trop souvent, se limite à quelques constats officiels et une reconnaissance toute relative du public. La Tuile fête cette année ses 30 ans d’activités et de soutiens à celles et ceux dont le parcours de vie les a amené–e–s à survivre dans notre société.
A cette occasion, l’association fribourgeoise a proposé à six photographes de rendre compte d’une part, de son travail sur le terrain, des rencontres générées par les événements qu’elle a mis sur pied depuis de nombreuses années afin de décloisonner l’existence de ses bénéficiaires en créant du lien, et d’autre part de sensibiliser le public à la vaste question de la précarité.
Deux photographes, deux visions complémentaires sur cette problématique
Laurent Crottet et Bruno Maillard, co-galeristes de Poivre et Sel, investissent les murs de leur galerie pour ce qui constitue le deuxième volet de ce projet.
Du 1er octobre au 26 novembre 2022
Laurent Crottet
« C’est lorsque Mathieu* m’a confié, lors de mon premier passage à La Tuile, que son chargeur de téléphone était son bien le plus important que j’ai su que, dans le cadre de ce projet, j’allais m’intéresser aux «objets essentiels» des personnes dans la précarité. »
Bruno Maillard
« Et si ma vie basculait et m’amenait sur le bitume, sous les porches durant de froides et interminables nuits, dans l’ombre de notre société qui détourne souvent le regard…
Que ferions-nous, vous et moi dans ce cas? »
"regards sur... "
La lutte contre la précarité est une réalité qui, trop souvent, se limite à quelques constats officiels et une reconnaissance toute relative du public. La Tuile fête cette année ses 30 ans d’activités et de soutiens à celles et ceux dont le parcours de vie les a amené–e–s à survivre dans notre société.
A cette occasion, l’association fribourgeoise a proposé à six photographes de rendre compte d’une part, de son travail sur le terrain, des rencontres générées par les événements qu’elle a mis sur pied depuis de nombreuses années afin de décloisonner l’existence de ses bénéficiaires en créant du lien, et d’autre part de sensibiliser le public à la vaste question de la précarité.
Deux photographes, deux visions complémentaires sur cette problématique
Laurent Crottet et Bruno Maillard, co-galeristes de Poivre et Sel, investissent les murs de leur galerie pour ce qui constitue le deuxième volet de ce projet.
Du 1er octobre au 26 novembre 2022
Laurent Crottet
« C’est lorsque Mathieu* m’a confié, lors de mon premier passage à La Tuile, que son chargeur de téléphone était son bien le plus important que j’ai su que, dans le cadre de ce projet, j’allais m’intéresser aux «objets essentiels» des personnes dans la précarité. »
Bruno Maillard
« Et si ma vie basculait et m’amenait sur le bitume, sous les porches durant de froides et interminables nuits, dans l’ombre de notre société qui détourne souvent le regard…
Que ferions-nous, vous et moi dans ce cas? »
« regards sur… »
Après un premier volet constitué des oeuvres de Martine Wolhauser et de Luc Chessex, toujours présentes (jusqu’à fin novembre) au Café social Le Tunnel à Fribourg, cette série d’expositions, baptisée « Regards sur… », s’installe sur les cimaises de la Galerie Poivre et Sel qui accueille, une fois n’est pas coutume, les travaux de ses propriétaires, Laurent Crottet et Bruno Maillard.
« Essentiels »
Sous le thème « Essentiels », Laurent Crottet met en lumière les objets premiers, ceux dont les personnes en état de précarité et soutenu momentanément par La Tuile ne sauraient en aucun cas se séparer. Sur une quinzaine d’images, le travail de Laurent Crottet s’apparente à un constat sociologique voire anthropologique, dénotant la diversité des situations, des histoires personnelles qui ont amené les propriétaires de ces objets à se retrouver au ban de notre société.
Un éclairage en demi-teinte qui nous emmène vers le plus essentiel des biens dont dispose encore la personne précarisée et qui nous interroge sur nos liens avec l’appartenance à notre société de propriété et la capacité de résilience des hommes et des femmes dont les repères sont parfois tombés.
« C’est lorsque Mathieu* m’a confié, lors de mon premier passage à La Tuile, que son chargeur de téléphone était son bien le plus important que j’ai su que, dans le cadre de ce projet, j’allais m’intéresser aux «objets essentiels» des personnes dans la précarité.
Dans ce décevant monde de consommateurs, un chargeur coûte frs 19.95 et nous en possédons tous au moins deux. Pour Mathieu, il est difficile à protéger, facile à se faire emprunter», fragile et néanmoins indispensable pour garder le contact.
Tout le monde n’a pas la même notion du terme «essentiel» mais lorsqu’on est dans la dèche, on connaît la valeur des choses.
Ce fut une grande leçon pour moi que d’essayer de comprendre comment une casquette pouvait devenir un vrai trésor. Si ce projet peut susciter pour le visiteur une émotion similaire, alors j’éprouverai, une fois n’est pas coutume, le réconfort d’avoir été utile en pratiquant mon métier. » explique le photographe au sujet de sa démarche.
*Prénom fictif
« Et si… »
C’est dans une approche différente que Bruno Maillard propose sa mise en abîme de notre environnement humain. « Et si… » met en scène une série de « sans-abris » aux références particulières. La précarité, un sujet plus que d’actualité, ne se voit pas et ne se conçoit pas véritablement pour qui n’est pas concerné.
Le «sansabrisme» prend de plus en plus de terrain, en Suisse comme ailleurs. Au début de cette année, le chiffre, sous-estimé selon certains, de 2000 sans-abris avait été annoncé, avec une prévision qu’il atteigne 6000 d’ici la fin de cette année.
La précarité est une réalité que l’on ne saurait ignorer. Avec le soutien d’associations comme La Tuile, celles et ceux qui voient leur quotidien s’installer dans la rue peuvent trouver l’aide utile à la sortie, souvent lente et pénible, de cette situation. Les bénéficiaires de La Tuile, grâce à un véritable travail de proximité, échappent, fort heureusement, à ces situations extrêmes, même si leurs existences connaissent des revers que tout un chacun ne peut que difficilement imaginer.
Une quinzaine de portraits de personnalités ayant prêté leurs traits à cette réflexion visuelle en acceptant de disparaître derrière l’image communément reconnue des « sans domicile fixe », constitue une série aux interrogations multiples.
«Et si cela m’arrivait, à moi?
Cette question est au coeur de ces photographies. Rien ne ressemble plus à un sdf qu’un autre sdf. L’habit ici fait le moine. La personne disparaît derrière cette situation extrême, derrière cette non-vie et cette improbable réalité. Et si ma vie basculait et m’amenait sur le bitume, sous les porches durant de froides et interminables nuits, dans l’ombre de notre société qui détourne souvent le regard…
Que ferions-nous, vous et moi dans ce cas?
Nos vies sont constituées aussi d’un décor humain qui nous est proche et d’autant de repères, au-delà de la foule anonyme dont nous sommes.
Imaginez des personnalités connues, exerçant des professions ou des fonctions en vue, dont la reconnaissance sociale est avérée, imaginez un seul instant que celles-ci disparaissent de ce paysage humain habituel, parce que leurs existences ont basculé, dramatiquement, les obligeant à n’être plus que des silhouettes emmitouflées dans de frustes vêtements, défendant quelques biens indispensables à la survie, le regard posé sur un avenir indicible.
Imaginez ces vies, en suspend, cachées derrière ces images. » conclut le photographe.
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